La magie des chaumes Vosgiennes provient d'un cadeau de la nature dont les hommes ont fait le paquet et noué le ruban.
Derrière ces beautés touristiques, paradis des randonneurs, des chamois, du lynx, et depuis peu de compère loup...se cache une histoire étroitement liée au développement humain.
C'est aux alentours du 8° siècle que de nouveaux noyaux de population se constituent avec l'implantation d'abbayes (Murbach...) au pied des versants Alsaciens. Charlemagne a, dit-on, profité des domaines giboyeux pour y chasser , il y a aussi encouragé l'épanouissement du christianisme.
Le défrichement du piémont devenant insuffisant au cheptel bovin, les marcaires sont naturellement attirés par les pâtures des sommets, les crêtes sommitales des Vosges deviennent peu à peu des lieux d'accueil d'estives. Vers 1300, les pasteurs munsteriens dans un premier temps, s'installent sur le versant Lorrain peu peuplé. C'est ainsi que nombre de lieux sur le "first" (ligne de crête) et côté ouest, tirent leur nom du dialecte alsacien: La Bresse portait le nom de Wolle en 1285. On appelle cette période la poussée vers l'ouest (des pionniers Alsaciens!) car les Lorrains ne sont arrivés que tardivement , d'abord depuis le territoire de Remiremont - domaine des abbesses et du célèbre moine Saint-Romary.
Une nouvelle ère démographique s'ouvre alors avec un double peuplement et un essor des pâturages ainsi qu'une exploitation qui s'organise sur le versant ouest. C'est l'âge d'or des fermes des hauts qui vivent en auto-suffisance dans la rudesse d'un climat septentrional, facile d'imaginer la concurrence du loup en ces temps difficiles!
Les fermes sont peu à peu abandonnées dans les années 1800-1850 au profit d'une nouvelle manne qui arrive par le train: le coton. Cette arrivée donnera lieu à la création des industries textile utilisant la force motrice de l'eau des montagnes. On constate alors que beaucoup d'habitants vivent d'une double activité: celle de paysan, et celle d'ouvrier.
Il faudra attendre l'engouement du tourisme de montagne à la fin du 19° siècle pour que les anciennes marcairies et autres haltes d'estive revivent au rythme des traites gourmandes et des plats conviviaux longtemps mitonnés dans la cheminée.
La double activité se poursuit encore longtemps entre ferme en été et filage du coton en hiver.
Aujourd'hui, les chaumes des Hautes-Vosges sont un patrimoine unique et fragile, prisées des vacanciers, adorées des 2 côtés de la ligne de crête: un éternel bonheur des yeux et du coeur...
Leur beauté et leur destinée étant liées au secteur textile par l'histoire, il n'est que légitime de leur rendre un hommage emprunt de grande admiration.