(2°partie de l'article toujours en collaboration avec notre ancien Directeur
Commercial Monsieur Hubert Arnould - retrouvez la partie 1 ICI )
En 1987 la famille Vandamme rachète Jeangeorges Tissus Gisèle qui deviendra TGL en 2006 pour simplifier et moderniser le nom de marque. Tous les métiers à tisser sont d'abord regroupés sur une seule unité aux Grands Viaux pour rationaliser production et logistique.
Pour rappel, Tissus Gisèle est le dernier tissage de la Bresse sur les 11 encore présents après-guerre.
Cette survie n'est ni le fruit du hasard, ni celui de la conjoncture des années 1990, mais la combinaison d'une modernisation rondement menée et associée à une diversification de la clientèle.
Dés 1990, l'atelier de confection manuelle se voit équipé d'un premier automate Texpa* permettant une forte augmentation de la production de draps ". Parallèlement la filature de Saulxures est entièrement automatisée et c'est un balai incessant de robots qui approvisionnent les machines à des cadences encore jamais atteintes - il s'agit à l'époque d'une toute première mondiale!
Cette innovation
s'accompagne également de l'acquisition de métiers à jets d'air en provenance
de Belgique, plus rapides que les métiers traditionnels.
Ainsi, d’importants gains de productivité permettent au service commercial de trouver des débouchés supplémentaires et de se tourner vers les grandes blanchisseries notamment. L'informatisation est également pour beaucoup dans l'ergonomie de travail, renforçant les facilités de suivi des commandes, la traçabilité, le service clients, la fiabilité des calculateurs de prix....
C'est à cette période qu'il est devenu important de s’ouvrir et de montrer cette filière de production française totalement intégrée et que se développent les visites de clients - clients garantis d'un accueil vosgien inoubliable quand s'ensuivaient des sorties ski avec repas marcaire en compagnie d'accompagnateurs de choc - Monsieur Arnould n'hésitant pas à faire découvrir notre belle région et ses plaisirs et à chausser les skis pour clôturer une journée de négociations par un bon moment de détente.
Un fort gain de productivité était nécessaire pour résister à la pression des marchés asiatiques en plein boom suite à leur acquisition de savoirs-faire et à la levée des droits de douane. C'est donc sous le signe d'une adaptation permanente et d'une amélioration constante que le virage du 3° millénaire est pris.
A la veille de l'an 2000, un
bâtiment neuf accueille de nouveaux automates sur un site accessible et plus
proche des zones de passage - l'usine des Ecorces - où sont confectionnés
draps, taies, housses de couette....Et le tissage des Grands
Viaux s'équipe à son tour de nouveaux métiers à tisser.
Cette remise en question permanente de la façon de travailler abouti en 2006 à la signature de grands contrats nationaux dans le domaine du linge plat et au développement du service export qui traite avec tous les pays d’Europe, Allemagne en tête.
Notre ancien Directeur Commercial, un brin nostalgique peut-être, mais surtout plein d'humour, se souvient avec plaisir de ces années quand il évoque la 3° mi-temps d'un match de rugby auquel un client devenu contact amical l'avait convié, ou encore la mauvaise orthographe d'une inscription tissée sur un drap concurrent signe d'une provenance douteuse d'importation !
Hubert Arnould a aussi en mémoire que s'adapter à la clientèle amène son lot de surprises et d'essais délicats. Par exemple, l'Armée Marocaine avait sollicité TGL pour des draps destinés à équiper 2 frégates en construction aux chantiers de Saint-Nazaire et le sigle des armoiries royales avait alors été un véritable casse-tête à réaliser en inscription tissée. Ou encore, un marché avec la Marine Nationale nécessitant un marquage du drap représentant une ancre avec malheureusement le sens de torsion du cordage entourant ladite ancre inversé par rapport au souhait du client.
Autre souvenir anecdotique est celui d'un contrat avec le Ministère de la Justice dont la signature était prévue au centre de détention de Muret, près de Toulouse. Imaginez la surprise de la Direction après le passage de rigueur dans de multiples sas, qui découvre un atelier de confection où s'affairent des ouvriers musclés et tatoués, qui ne fabriquent rien moins que des...soutien-gorges...de l'ouvrage qui demande grande délicatesse...
Que d'eau a coulé dans le Chajoux et la Moselotte depuis 1987....
L'eau ne dort pas, et les filatures et tissages le long de l'eau non plus, preuve en est l'adaptation permanente de TGL à la demande de sa clientèle.
Vive la réactivité!
Merci encore à Hubert Arnould d'avoir prêté sa mémoire à l'histoire textile et de partager son savoir lors de visites organisées:
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Monsieur Arnould explique le fonctionnement de la bonne vieille navette devant un groupe attentif |
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L'un des nombreux virages de la modernité |