Qui tannait les peaux de bêtes ? Qui filait le chanvre ? Qui encore assemblait les sandales de cuir ou tapissait ? Et qui actionnait le rouet de la ferme ou les machines à coudre des ateliers de toile à jean ?
Les bonnes femmes, répondriez-vous en choeur....Et vous auriez raison...
Mais qui débitait des aiguilles à partir d'os de caribous ? Qui parcourait des contrées hostiles pour faire le commerce de la soie ? Et qui encore inventait des métiers à tisser et négociait le coton en divers ports du monde entier ? Et qui entretient les automates à l'usine de confectionTGL ?
Et bien, ce sont les bonshommes, eh oui !
Difficile de croire à quel point hommes et femmes sont impliqués dans le domaine du textile mais les explications coulent de source.
En effet; depuis la nuit des temps, l'humanité a compris l'utilité vitale et protectrice de la fibre tissée ou de la peau animal, une utilité thermique avant tout. Cette utilité a évolué lentement vers des usages religieux et aussi décoratifs, et la production s'est donc ajustée en conséquence, transformant les récoltes de plantes à tisser (coton, chanvre, lin, orties..) et le filage, en tâches régulières, affectées progressivement à des personnes cibles au sein de diverses sociétés, qu'elles soient néolithiques, antiques, médiévales, ou actuelles. De façon presque logique, les femmes entreprirent la transformation tout en s'occupant de leur foyer et progéniture, pendant que les hommes se chargèrent de fonctions plus physiques ou risquées comme les échanges ou la construction de machines de plus en plus sophistiquées.
Cette parité dans le travail (ou peut-on parler d'organisation naturelle !) ne se retrouve guère dans les croyances populaires, occidentales en tous cas. On célèbre Sainte-Anne en patronne des métiers du textile et Sainte-Catherine protège les raccommodeuses, stylistes, et personnels de la Haute-Couture, alors que Sainte-Marguerite est souvent représentée filant le lin sur une quenouille. "L'évangile des quenouilles" est d'ailleurs un ouvrage moyen-âgeux regroupant des recettes traditionnelles et des anecdotes toutes féminines dont la suivante:
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Qui n'a pas souvenir d'une grande-mère fileuse? |
"Fileuse si tu achèves de filer le lin de ta quenouille un samedi, le fil ainsi obtenu ne se filera pas bien le lundi et si on en fait une toile jamais elle ne blanchira"
Pour mémoire, le samedi, jour de la vierge, voit se limiter le travail des femmes et interdit le filage.
La déesse Rénénounet (Egypte Ancienne), donnait des offrandes de tissu, elle était la gardienne de trésors et de provisions, plaçant les étoffes au rang de nécessité vitale, d'autant que les morts étaient religieusement enveloppés de bandelettes de tissu. On ne connaît pas de dieu affilié (comprenez du mot fil ou fils!) au tissu ou au textile.
Coco Chanel et Chantal Thomass sont 2 grandes effigies féminines de la mode de la fin du XX° siècle. On pourra cependant défendre la gent masculine en nommant tout de même Saint-Martin comme patron des drapiers et Saint-Erasme celui des tisserands, mais aussi Christian Dior ou Jean-Paul Gaultier en grands patrons de la mode actuelle...
L'automatisation des années 1980 a redynamisé l'engagement masculin dans la production textile européenne, au détriment des petites mains majoritairement féminines qui ont largement disparu avec la désuétude et la lenteur de leurs machines manuelles. On constate par exemple que l'effectif du groupe entièrement automatisé et intégré de TGL compte 2/3 d'hommes pour 1/3 de femmes en 2015 (189 pour 97 pour être précis).
Est-ce pour autant le signe d'une évolution ? Ou une adaptation temporaire comme beaucoup ont eu lieu depuis des millénaires ?
Nous vous invitons à patienter pour la partie 2 de cette mini-analyse de la parité dans le domaine du textile qui vous présentera un poste très généralement masculin, tenu chez TGL par une gracile jeune femme....Soyez patient alors....